Tra mare è monti : balades sur les sentiers corses
- camille rebut
- 5 févr. 2024
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 juin 2024
Se balader sur les sentiers corses, c'est prendre conscience que cette île n'est en réalité qu'une chaine de montagne au milieu de la mer. Si vous entreprenez une rando et que le beau temps est de la partie, il est fort probable d'apercevoir la mer depuis le sommet : vue magnifique garantie !
Bien évidemment, la majeure partie de notre voyage s'est déroulée au milieu des montagnes, milieu dans lequel nous nous sentons le mieux (le prochain article parlera quand même des plages, et oui !). En réalité, la Corse n'est pas si petite que ça, et une multitude de paysages variés s'offrent à nous d'une vallée à une autre.
Le toit de la Corse se mérite ! Le Monte Cinto depuis le sud
Le plus haut sommet corse est le Monte Cintu (Monte Cinto) : un géant rocheux qui culmine à 2706 m d'altitude.
Il existe plusieurs moyens pour tâtonner le toit de la Corse, et nous n'avons pas choisi le plus facile ! En partant de Porto nous nous dirigeons vers Calaccucia, un village situé au nord-ouest de la Corse. Le temps est assez maussade et nous craignons de ne pas pouvoir prendre le départ de la randonnée le lendemain matin. Nous avons prévu de dormir dans un des deux campings placés au départ de la randonnée du Monte Cinto par le sud, dans les hauteurs du village de Lozzi.
Le temps se dégage en fin d'après-midi, ce qui nous laisse de l'espoir pour le planning du lendemain, ainsi que le temps d'observer à quoi on va se frotter.


Sur le papier, il s'agit d'une randonnée assez conséquente pour laquelle nous avions prévu de mettre environ 7 h, ce qui était ambitieux puisque les panneaux au départ du sentier indiquaient le même temps pour aller au sommet, sans compter le retour. Au programme, plus de 21 km avec environ 1700 m de dénivelé positif, ce n'est pas rien !

Le sentier est très peu emprunté, et nous ne croisons personne mis à part quelques animaux sur toute la première partie de la montée, c'est génial ! Je reconnais cependant avoir un peu paniqué en voyant un serpent traverser le sentier juste devant mes pieds...
Nous rejoignons assez rapidement le refuge d'Erco, où nous faisons une petite pause. Le soleil commence à taper fort, et nous savons que nous avons fait le plus facile, mais que le plus dur se dresse devant nous. Le prochain arrêt se fera au Lac Cinto, à 2460 m d'altitude.




C'est à partir de ce croisement que les difficultés commencent réellement. Encore une fois, la randonnée corse prend des allures d'escalade, pour mon plus grand plaisir. Impossible d'utiliser les bâtons dans cette portion rocheuse entre Erco et le Lac Cinto : il faut mettre les mains à chaque pas pour pouvoir avancer et grimper sur le rocher suivant, un régal !
Nous ne croisons toujours personne. J'ai toujours un sentiment assez paradoxal dans ces randonnées où nous nous retrouvons totalement seuls sur le sentier. D'un côté je me dis que c'est juste incroyable d'être ici, tout seuls, sans autres bruits que ceux des oiseaux et des cailloux bousculés par quelques animaux qu'on ne parviens pas à voir. Mais je me demande aussi toutes les 5 minutes si nous sommes bien sur le bon chemin ou si la météo n'annonçait finalement pas un gros orage...
Nous prenons petit à petit de la hauteur, et le paysage qui se dessine derrière nous est de plus en plus vertigineux. Nous avons hâte d'arriver au sommet pour voir de l'autre côté de la vallée, ainsi que le fameux paysage que tous les topos de randonnée décrivent : une vue imprenable sur les montagnes corses, l'Italie, la France et la Sardaigne.

Il va cependant falloir continuer à grimper encore un peu après le lac du Cinto pour voir de l'autre côté de la montagne, car celui-ci est dans une cuvette. Un vent glacial souffle alors, nous ne restons donc pas longtemps.
La portion du lac jusqu'au prochain col est laborieuse. Elle se fait dans un pierrier très pentu, et nous perdons très vite les cairns de vue. Heureusement, les dizaines de randonneurs du GR20, qui passent sur la crête située juste au-dessus, nous servent de point de mire. Il y a vraiment du monde sur le GR20... le Monte Cinto n'est pas sur l'itinéraire de la traversée mais il n'est pas situé bien loin. Beaucoup de randonneurs du GR posent leur sac et font un petit crochet jusqu'au sommet.
Cela faisait plusieurs heures que nous randonnions seuls au monde, et nous arrivons d'un coup au milieu du GR, sur un sentier entouré de sacs abandonnés et de gens assis pour se reposer. Qu'est-ce que je disais déjà tout à l'heure sur mon sentiment paradoxal ? Hum, je crois que je me préférais encore perdue en plein orage dans la montagne.

En regardant au loin, nous croyons halluciner. On peut facilement reconnaitre le Monte Cinto, étant donné qu'une petite centaine de personnes est visible à son sommet. Nous n'avons pas du tout l'habitude de côtoyer les sommets très touristiques ou réputés. Nous nous disons donc que c'est peut-être la norme en haut de ceux-là. La partie entre le col et le sommet est encore une fois assez technique et le moindre faux pas peut entrainer une belle chute.
En avançant, on se rend compte rapidement que la majorité des personnes au sommet appartenaient en fait à un régiment de la légion étrangère, de passage ce jour-là. Un aller-retour au Monte Cinto avec le gilet par balle sur le dos, un semi-automatique dans les bras et les rangers aux pieds, ça doit faire un sacré entrainement en effet ! Le sentier étant extrêmement étroit, nous les laissons tous passer avant de nous engager dans la toute dernière montée.


Comme on nous l'avait promis, la vue là-haut est incroyable ! Nous pique-niquons au sommet, oubliant pour un temps le vent glacial qui soufflait, tellement la vue était belle ! Pour ma part, j'avais déjà bien galéré en montée, mais je me disais déjà que la vue en valait la peine !
Et j'étais loin de m'imaginer que le pire restait à venir !
Une desceeeeeeente..... Comme je n'en avait jamais fait, et comme j'espère ne pas beaucoup en refaire.
Au programme : de la bonne grosse soupe de cailloux comme je n'en avais jamais mangé. Il s'agissait là de la recette idéale pour de bonnes glissades. Nous avons mis plus de deux heures pour faire à peine 4 km... et ma bonne humeur était entamée depuis un bon moment.

A un petit moment d'inattention, où j'étais plus occupée à pester contre Virgil qui ne m'attendait pas plutôt qu'à regarder ou je mettais les pieds, un de ces nombreux petits cailloux a glissé sous mon pied. Aïe, je vais devoir finir la rando avec un genou droit un peu douloureux.

Heureusement ce troupeau de chèvre une fois redescendus sur le plateau m'a fait oublier cette descente difficile, et c'est uniquement un sentiment de fierté qui m'a envahie à l'arrivée, après 7h40 de randonnée. Le Monte Cinto, on l'a fait ! Si on le efaisait un jour, ça sera par le nord, ça c'est sûr ! :p

Corte et les Gorges de la Restonica
Après notre grosse randonnée de la veille, c'est sous la pluie que nous nous réveillons. Nous partons donc directions Corte, ancienne capitale corse, où nous avions plus de chance de trouver de quoi nous occuper en intérieur !
Après un rapide tour de la ville, nous allons à la Citadelle, où nous avons pu trouver le Musée de la Corse.
Il est assez rare que nous fassions des musées pendant nos voyages, mais dès qu'on y met les pieds, on y reste des heures !
Nous nous retrouvons dans un lieu chargé d'histoire, où nous pouvons en apprendre plus sur celle de la Corse, marquée par les rebondissements, entre indépendance, occupation, puis francisation.
C'est à partir de 1968, et de la cession provisoire de la Corse aux français par les Génois, que l'armée française a entreprit un grand chantier d'extension de la Citadelle, dans l'idée d'en faire un centre militaire imprenable au cœur de la Corse, dans sa capitale : Corte.


Nous avons apprécié cette petite escapade culturelle, mais nous avons aussi hâte de retrouver les sentiers.
Dès le lendemain, après une nuit bercée par le bruit de la pluie battante et des éclairs tombés tout proche de notre toile de tente, nous nous levons assez tôt pour aller voir les célèbres Lac de Melo et de Capitello.
En termes d'attraction touristique, on atteint des sommets ! Je crois que c'est la première fois qu'on paye un parking pour aller faire une rando.... Pour le coup, nous avons choisi de faire confiance à tous nos amis qui étaient déjà passés par là, et de renier notre idéal de liberté d'accès à la montagne.
C'est donc sous une légère brume que nous avons commencé la journée au bord des lacs qui constituent la source de la vallée de la Restonica.


Alors que nous avions décidé de rallonger un peu le sentier touristique en rejoignant le GR20, l'épais brouillard qui nous attendait au col nous a quelque peu refroidi...
Nous quittons donc la Vallée de la Restonica pour aller passer quelques jours en bord de mer.
l'Alta Roc, de l'Ospedale à Bavella
Après 2-3 jours sur la côte, nous partons à la découverte du sud de la Corse, et cette fois ci, avec le soleil !
Le lac de l'Ospedale n'était pas dans ses grands jours, Les vannes ayant été ouvertes et la sécheresse n'aidant pas...


Le tour des aiguilles de Bavella se fait entièrement sur les sentiers du GR20. Nous passons d'un côté par le sentier alpin, et de l'autre par la voie classique.
Quand les courageux du GR20 arrivent au niveau des aiguilles, il ne leur reste plus beaucoup d'étapes avant l'arrivée à Conca. Ceux qui doublent les étapes termineront d'ailleurs l'épopée le jour même.
L'ambiance sur le sentier est donc assez sympa et les randonneurs sont vraiment contents une fois l'étape de Bavella passée.
Même si la variante alpine est beaucoup plus technique, exigeante et fatiguante que la voie normale, le détour vaut clairement le coup !

C'est là que s'achève cet article, arrivé un peu tard, sur nos escapades au cœur des terres corses.
Rendez-vous très vite pour un bain de soleil sur les plages de sables fin ! 😉
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