Ultra tour du Beaufortain : un beau week-end entre amis pour un beau moment de sport
- camille rebut
- 14 août 2023
- 9 min de lecture
Le 22 juillet 2023 a eu lieu la 15ème édition de l’Ultra tour du Beaufortain (UTB), le plus long trail 100% savoyard, à laquelle Virgil a participé. Au programme pour les 600 participants : 114 km et 7200 m de dénivelé positif. Au programme pour Héloïse, Marie et moi : une assistance aux ravitaillements, théoriquement parfaitement millimétrée, mais qui s’est avérée dans les faits riche en émotions !

Veille de course
Nous avons choisi comme camp de base un joli appartement aux allures de chalet à Beaufort, ville assez centrale dans le parcours de l’UTB puisque située au cœur du Massif du Beaufortain. Nous avons eu le temps de profiter de ce cadre idyllique la veille de la course : balade dans la ville, petite sortie de course à pied avec le bonheur de pouvoir s’enfiler un peu de dénivelé et surtout d'avoir un avant-goût de ce qui nous attendait le lendemain... Malgré tout, on n'oublie pas l’objectif du week-end, et c’est à « l’heure des poules » que nous allons nous coucher, car le réveil du lendemain matin allait piquer.
Jour J : la consécration de l’objectif sportif de l’année 2023
Le départ de la course s’est fait à 4h00 du matin à Queige, avec pour objectif une arrivée avant minuit, de sorte à boucler le parcours en moins de 20 heures. La météo est idéale, pas d’orages annoncé, un ciel un peu voilé le matin et une fraicheur qui nous avait bien manqué depuis le début de l’été !
Nous avions prévu de le rejoindre au premier ravitaillement, au lac des fées, au bout de 35 km de course et 2750m de D+. Ceux qui connaissent Virgil se doutent bien que le plan nutritionnel était parfaitement millimétré. Ma mission du jour était donc de me débrouiller pour arriver aux ravitos et de préparer ce dont il avait besoin, de sorte à ce qu’il ait tous les apports nutritionnels nécessaires pour encaisser ce chantier.
Mais ça, c’était sur le papier ! Quelle ne fut pas ma surprise quand j'ai ouvert les yeux aux alentours de 7 heures, de découvrir grâce au suivi live de la course que Virgil avait déjà 1 heure d'avance sur ses temps de passage prévisionnels alors que la course n’avait commencé « que » depuis 3h30. Nous avions déjà prévu assez large pour nous rendre au lac des fées (arrivée prévu 30 minutes avant le temps de passage prévisionnel) et nous sommes parties de Beaufort ½ heure avant ce que nous avions prévu la veille. Une première rando était nécessaire pour arriver à ce ravitaillement, avec un départ depuis le lac de Saint Guérin. Mais, arrivées en bas de la montée du lac des fées, où les coureurs passaient également, nous avons déduits, avec les dossards qui passaient et en discutant avec un spectateur, que Virgil était déjà passé par là et qu’il allait donc arriver au ravitaillement avant nous.

Il est pointé à ce point de passage à 9h07 au lieu de 10h34 prévu initialement… Sa folle avance nous a mise en retard ! Ni une ni deux nous rejoignons donc notre super Twingo pour rejoindre le Cormet de Roselend, à 30 minutes de route depuis le lac de Saint Guérin.

Nous étions déjà allés dans le Beaufortain en 2021, j’étais donc super contente d’y retourner et de voir les filles découvrir la beauté de ce Massif avec le même émerveillement que moi il y a 2 ans. Elles ont pu aussi découvrir ce qu’était le stress de l’assistance (et surtout le stress de Camille qui fait l’assistance de Virgil). Il faut dire que cette avance nous a beaucoup interrogées ! Est-ce qu’il est parti trop vite ? Se sent-il d’une forme exceptionnelle ? A-t’il mangé du lion ce matin ???? Bref, nous avions vraiment hâte de le voir au Cormet pour avoir son ressenti sur la situation.
Arrivées au Cormet aux alentours de 10h30, nous ne nous laissons pas abattre et nous achetons du fromage et du pain pour reprendre des forces, car la journée sur les traces d’un ultra-traileur s’annonce longue !

Virgil arrive à 11h57 (au lieu de 13h27 prévu initialement) après 49.3 km de course et 3851m de D+. Nous le voyons donc pour la première fois quasiment à la mi-course. Quand on parle d’une course de 114 km, on a tendance a oublier que près de 50 bornes en montagne c’est déjà complément fou ! Il est encore frais, il nous dit qu’il se sent bien et qu’il a préféré suivre son ressenti, de peur de partir trop doucement et de perdre du temps qu’il ne pourra pas rattraper en fin de course. Quelle machine… Le temps de manger un peu, de remplacer les flasques vides par des flasques pleines, un petit bisou, et c’est reparti !


Quant à nous, nous n’étions pas au bout de nos surprises !
Pas le temps de trainer, je prépare sur place ce que je dois prendre sur le dos pour le prochain ravitaillement et nous filons nous garer au Refuge du plan de la Lai un peu plus bas, où une belle rando d’une quinzaine de km nous attendait, de sorte à atteindre le hameau de la Gittaz pour un prochain ravitaillement. Comme d’habitude, énormément de voitures cherchent se garer ici, et nous mettons un peu de temps à trouver une place… Heureusement que nous suivons un coureur situé assez haut dans le classement, car le temps de trouver des places n’est pas à ignorer dans le planning, et plus la journée avance plus le flux de randonneurs et d’assistants est important !
Au programme pour cette rando, passage par le Col de la Sauce, puis redescente avant de bifurquer vers le Hameau de la Gittaz.
Oh oh… Deuxième loupé de la journée ! Alors que nous étions censées voir Virgil passer au Col, les bénévoles de la course nous disent que son dossard a déjà été scanné il y a bien 15 minutes… Je comprends alors que si je veux pouvoir être à la Gittaz, il ne va pas falloir trainer ! Je me sépare donc des filles et fait les 5 km de descente vers le hameau en courant. Ça m’a au moins permis de tester comment allait réagir mon pied fraichement réparé avec un peu de charge !

La fin de la descente se faisait sur le même sentier que les coureurs, qui n'étaient pas nombreux à passer. Toute la question était de savoir si Virgil était devant ou derrière moi ! Les bénévoles n'avaient pas de réseau à la Gittaz pour scanner les dossards, et notaient donc à la main les passages sur une feuille. Je fus bien soulagée de voir que le dossard 126 n'était pas encore passé quand je suis arrivée au ravitaillement !
Ce sentiment de soulagement s'est mélangé à un peu d'agacement quand j'ai vu que tout ce stress aurait pu être évité, car on pouvait en fait se rendre au Hameau en voiture... Tant pis, la montagne est belle, et courir sur les sentiers m’a fait le plus grand bien !
Les filles ont croisé Virgil sur le sentier en amont du Hameau de la Gittaz
Virgil arrive fatigué, comme quelqu’un qui court depuis plus de 10 heures, après une descente d’une cadence folle dans un petit groupe de coureurs qui se tirent quasiment depuis le refuge de la croix du Bonhomme. Je suis contente de le voir arriver en groupe car je sais à quel point ça peut aider d'être accompagné dans les coups de moins bien.
Ce ravito n’aura pas aidé à calmer mon anxiété générale et c’est des questions pleins la tête que j’ai attendu que les filles arrivent. Comme je le disais, je suis assez stressée quand je fais l’assistance de Virgil sur des trails, notamment sur des questions de timing, mais aussi parce que j’ai du mal à relativiser sur les discussions qu’on a aux ravitaillements. A la Gittaz, il me dit qu’il a mal aux jambes, qu’il est fatigué, qu’il a chaud, pas assez mangé, et qu’il a débranché le cerveau depuis au moins 2 heures… Normal pour quelqu’un qui court depuis 10h, qui a fait 66 km et s’est enfilé 4700m de D+ non ?

Une fois encore, pas le temps de flâner ! Selon les estimations, Virgil allait passer à Hauteluce environ 2 heures plus tard. Quant à nous, nous devions récupérer la voiture garée au refuge du Plan de la Laie puis faire un peu de route pour rejoindre ce joli petit village perché. Malheureusement, le genou d’Héloïse est un peu capricieux en ce moment et il n’a pas apprécié les 650 m de dénivelé négatif du Col de la Sauce vers le hameau de la Gittaz… Elle a été incroyable et a serré fort les dents pour les 7 km de rando restants. Nous devions redescendre vers la Chapelle de Roselend puis remonter une partie du col routier à pied, sur environ 3 km. Nous avions accusé du retard sur la fin de la rando et je n’avais pas vraiment envie de me faire la montée du col en courant avec le sac à dos pour aller chercher notre super Twingo… Très vite, je prends la décision d’abandonner les filles sur le bord de la route et… de faire du Stop jusqu’à la voiture pour venir les récupérer ensuite !
Facile vous me direz… Toutes les personnes qui passent sur cette route vont au même endroit ! C’est ce que je pensais aussi avant de me prendre 50 vents dans la figure… Je commence vite à désespérer. Mais la solidarité sportive m’a une nouvelle fois sauvée ! Des bénévoles de la course, chargés de fermer la course derrière les derniers coureurs au Cormet de Roselend, se sont arrêtés et étaient tous contents de m’aider pour être à temps au prochain ravitaillement !
Nous arrivons finalement à Hauteluce avec suffisamment d’avance pour casser la croute avant l’arrivée de Virgil. Nous sommes trop contentes de le voir arriver accompagné de « Stéphane », un coureur expérimenté de l’UTB, avec qui il court depuis un bon moment déjà. L’alchimie entre ces deux-là semble bien passer et c'est ensemble qu'ils repartent du ravito !


La fin de journée s’annonce un peu plus calme de notre côté, et nous avons aussi hâte de retrouver Rémi et Elodie au prochain ravitaillement, venus spécialement pour encourager Virgil sur la fin de course !
Nous nous rendons donc aux Saisies, dernier arrêt pour tout le monde avant la redescente à Queige pour boucler la boucle.
Toutes les planètes pour me remplir d’émotion sont alignées : un coucher de soleil sur les montagnes, les copains, admirer comment le corps humain est capable de complétement se dépasser dans le sport, et surtout voir mon amoureux en bonne voie pour accomplir son objectif sportif de l’année en explosant totalement son temps prévisionnel !
Lui, tout ce qu’il a vu en arrivant au ravitaillement avec son nouveau poto Stéphane, c’est Rémi… Admirez moi ce petite sourire pour la retrouvaille des copains ! Rémi est même parti faire un bout de chemin avec lui avant une dernière petite montée puis le basculement dans la grande dernière descente : 1400 m de dénivelé négatif pour bien finir la journée !


Nous avons tous vraiment hâte de le retrouver à l’arrivée. Pour nous aider à patienter, nous mangeons une pizza près de la ligne d’arrivée, et ne loupons pas une miette des discours complétement biscornus des premiers finisher, complétement exténués après cette folle aventure.
C’est finalement à 22h24, soit 1h36 en avance par rapport à ce qu’il avait prévu, que Virgil passe la ligne d’arrivée, toujours accompagné de Stéphane. Quel beau moment de sport encore une fois ! Ces deux-là se sont portés pendant plus de 40 km, l’un prenant le relais de l’autre en cas de coup de mou, pour réussir à passer la ligne d'arrivée ensemble une fois la nuit tombée. Ils ne seraient pas allés si vite l’un sans l’autre, et grâce à cette belle entraide digne d’un sport avec de vraies valeurs, ils ont pu accomplir leurs objectifs sportifs respectifs. De quoi verser une petite larme !
Les moments d’après courses sont aussi riches en émotions que ce qu’on a pu vivre dans le feu de l’action. C’est après de longues discussions autour de la table, entre amis, pour tous se partager nos ressentis et nos péripéties de la journée, que nous allons nous coucher, alors que des coureurs sont encore en pleine montagne avec pour objectif d’arriver avant la barrière horaire, fixée à 10 h le lendemain matin.
Finalement, sur les 589 coureurs qui ont pris le départ, seuls 345 ont réussi à boucler la boucle de 114 km... Enfin plutôt 115 apparemment (1 km de cadeau). Le dernier coureur à passer la ligne a plus de 65 ans!
Lendemain de course
Malgré la fatigue générale, je pars en rando le dimanche avec Rémi et Elodie. Ca serait trop dommage de ne pas profiter jusqu'au bout du week-end de ce cadre qu’on aime temps ! Nous laissons Virgil en bas, ce qui lui a permis de ré-apprendre à marcher sans une canne ! Même pas 24h après son arrivée, il pourrait faire croire à n’importe qui qu’il a passé un samedi à chiller…
De notre côté, nous sommes allés au Rocher du Vent, une rando plutôt sympa et accessible, et avec une vue vraiment magnifique sur le Lac de la Gittaz et le lac de Roselend ! Ce week-end dans le Beaufortain n'aura que confirmé mon émerveillement pour ce Massif.

A peine 48h après l’arrivée, Virgil m’annonce qu’il pense qu’il aurait pu faire beaucoup mieux… On peut quand même tous se dire que pour un premier Ultra, il a une nouvelle fois su nous montrer sa capacité de gestion de course et surtout son caractère de grosse machine ! Quant à moi, j’en prends de la graine, et je compte bien me lancer quelques défis une fois que je serai complétement remise…
Alors, à très bientôt pour de nouvelles aventures !
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